» dans Littérature, n°111, 1998. pp. Quelle forme de banquet décrivent et quels contenus transmettent ces deux premiers types de textes ? Leur contenu n’est pas nécessairement narratif : ils peuvent présenter des chants ou des éloges à l’adresse des convives, éloges ou chants qui se suivent d’un convive à l’autre créant une sorte de parcours chanté parmi les invités (le skolion), des célébrations des valeurs partagées, des récits traditionnels et encore, peut-être surtout, des manifestations d’amour, voire des déclarations d’amour – eros étant visiblement l’un des éléments les plus importants dans le fonctionnement du symposion, au cœur des relations entre les convives. Et cette explicitation se fait justement par la figure socratique de Solon. B. Pontier, Pierre, « Socrate dans la maison de Callias : du bon usage de l’ambition », Études platoniciennes VI (2009), p. 125-139 Le but de ces réunions est avant tout celui de susciter le plaisir au sein de l’assemblée, un plaisir qui se décline en plusieurs formes, puisqu’il peut dériver de plusieurs éléments. Luxe et pouvoir dans l’œuvre d’Athénée, collection Table des hommes, PUR-PUFR, Rennes-Tours, 2013, p. 129-147 Contact | Le banquet est simplement l’occasion pour faire, tout d’abord, défiler, l’un après l’autre, les différents dirigeants romains, tous décrits à leur entrée en scène par un trait, moral ou physique, qui les caractérise, et pour les inviter, ensuite, à une joute oratoire, où chacun célèbre ses propres exploits, en explicitant le but qui a guidé sa vie – ce qui permet d’obtenir l’effet très plaisant d’une synthèse mordante et satirique de l’histoire de Rome. Jacob, Christian, « “La table et le cercle”. un autre nous offre une huile parfumée dans une tasse ; en outre, dans des vases, est prêt un autre vin, qui dit qu’il ne manquera jamais. La multiplicité des savoirs mobilisés au sein du cercle de Larensis constitue un véritable patrimoine collectif à exhiber et partager. Pellizer, Ezio, « Forme di Eros a simposio », Pallas 61 (2003), p. 111-119 XI 463e). J.C.) illustre bien quels autres sujets de conversations circulaient dans un banquet, donc quel type d’échanges et de rapports étaient privilégiés ou recherchés entre les convives (eleg. par), Plutarque. nous dînons, nous nous sommes bien lavés, nous faisons déjà les libations. Romeri, Luciana, « Platon et la tradition conviviale », Revue des Études Anciennes, 104, 1-2 (2002), p. 51-59 Les artistes le montrent volontiers sous la table des maîtres, dans un banquet ou autour des personnages d’une scène de la vie quotidienne, couché sur le sol ou regardant les humains en attente d’un geste de leur part. Le cadre convivial étant réduit au minimum, voire au silence, le « banquet érudit » de Macrobe est de ce point de vue-là l’héritier direct des Propos de table de Plutarque. Romeri, Luciana, « Luxe ou sobriété ? D’ailleurs, sur cette question difficile, voire insoluble, de la relation temporelle entre les deux banquets, je dirai seulement que des références internes – concernant notamment le bataillon sacré de Thèbes – nous feraient plutôt pencher pour une antériorité de celui de Platon, qui aurait été écrit entre 385 et 378 av. Le banquet est clairement un lieu d’exhibition de richesse, dont les principaux signes sont le nombre de victimes offertes pour le repas, les précieux objets offerts à Ulysse et, surtout, la présence même de l’aède, que seul le roi peut se permettre de posséder et qu’il met généreusement à la disposition de son invité et de toute la communauté aristocratique. Accueil > Français > B > Banquet philosophique et littéraire dans l’Antiquité gréco-romaine. Et puisque les discours philosophiques sont ceux de Socrate, il n’y a plus qu’un pas à franchir pour que ces textes soient désignés comme des « banquets socratiques ». Romeri, Luciana, « Food and Forgetfulness in Socratic Banquets » dans H. Walker (ed. Studi triestini di poesia conviviale, Culture antiche. Quant aux « bonnes manières » que devaient adopter à table les convives de la haute société athénienne, c’est à Aristophane, dans les Guêpes, que nous en devons une brillante et comique description. Les aspects concrets de la vie romaine sont abordés : habitat, vie de famille, édifices publics. Ce genre rhétorique que Platon et Xénophon vont fonder et que Hermogène appellera celui des « banquets socratiques », se caractérise donc par cette réduction du plaisir convivial, qui était le résultat d’un bon équilibre entre plaisirs du corps et plaisirs de l’esprit, à un plaisir purement intellectuel, à une forme de cheminement philosophique, que le Eros du discours de Socrate-Diotime incarne si bien. 0000040550 00000 n xref Notre deuxième source textuelle pour une compréhension du banquet antique et du savoir collectif (impliqué) sont les textes narratifs, de différents genres, en vers ou en prose, qui présentent des scènes de banquet ou font référence à des pratiques conviviales collectives, scènes et pratiques décrites dans leur déroulement et dans leurs contenus. Avant de voir le fonctionnement de ces banquets littéraires grecs dans la Rome du IIe siècle et leur évolution par rapport aux banquets philosophiques de Platon et Xénophon, je voudrais encore signaler, comme des cas à part, les représentations conviviales d’époque romaine qui, tout en s’insérant visiblement dans la tradition platonicienne par le choix convivial, s’en éloignent aussi par le genre satirique ou parodique qui les caractérise. J.C.) de réjouir son cœur (fr. ), Athénée et les fragments d’historiens (Actes du colloque de Strasbourg 16-18 juin 2005), De Boccard, Paris, 2007, p. 29-39 Pas de mythes, mais parmi les discours qui concernent les hommes. Ce changement profond, à la fois du contenu du savoir transmis par les banquets et de la finalité attribuée à cette pratique, rend ces textes, et le Banquet de Platon en particulier, si différents et nouveaux par rapport à la littérature conviviale, au sens large, qui les précède. Bréchet, Christophe, « Du ’grand livre’ homérique aux Deipnosophistes  : exploration d’un continuum », dans D. Lenfant (éd. Poésie et polymatheia, ces deux caractères de Masurius sont également les éléments constitutifs du banquet des deipnosophistes dans son ensemble. ni de violentes discordes, car il n’y a rien de noble là-dedans ; mais il faut avoir toujours une juste considération des dieux. Elle s’attache à les décrire et à les classifier. ), Pratiques et discours alimentaires en Méditerranée de l’Antiquité à la Renaissance, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Cahiers de la Villa de Kérylos 19, Paris, 2008, p. 157-170 On retrouve, donc, dans les « banquets philosophiques » aussi, les éléments qui structurent et cadrent un banquet traditionnel : l’occasion pour faire la fête, les étapes principales qui scandent son déroulement, les rituels qui le légitiment et l’intègrent aux institutions de la cité, les discours entre les convives. Le deuxième type relève, quant à lui, de plusieurs genres littéraires : ce sont surtout les textes épiques et comiques, mais aussi les textes tragiques, historiographiques, rhétoriques ou encore philosophiques. Texte satirique et volontairement parodique du Banquet de Platon, le Banquet de Lucien met en scène des faux philosophes, dont les comportements sont jugés par un vrai idiotès, Lycinus, lors d’un riche banquet de mariage. du genre que nous tenons surtout, les discours sur la famille. Lieu d’exhibition du pouvoir, le banquet est donc finalement aussi le lieu par excellence du chant de l’aède, donc de l’exhibition poétique qui coïncide ici, pour Ulysse, à une exhibition de soi et de son histoire glorieuse. Représentation du banquet et médiation culturelle dans les comédies de Plaute », Pallas 61 (2003), p. 245-250 En ce sens, tous représentent des « fictions de banquet », quel que soit le contexte narratif dans lequel ces scènes conviviales se trouvent et la place ou le rôle qu’elles y occupent. fluide, allonge-toi de tout ton long sur les couvertures. %�쏢 Éric Morvillez. dans l’antiquité grecque Le temps : un remède aux maux Anne-Louis Girodet de Roucy (1767-1824) . J.C. – IIe siècle apr. entre autres, des pratiques alimentaires dans l’antiquité, Fr. Sophistes, rhéteurs, grammairiens et philosophes au banquet de Platon à Athénée, Les Belles Lettres, 2017 ISTA, 1079) Besançon, 2007, p. 219-240 La mise en scène et la forme disons générale du banquet décrit par les deux philosophes ne semblent pas présenter d’écart ni de dysfonctionnement par rapport aux banquets que les autres textes nous transmettent. La Gaule, les Gaulois, au sens où 3 Hérodote au Vème siècle av. Mémorables, CUF, Tome 1, Paris, Les Belles Lettres, 2000, p. VII-CCLII De tous on souligne la bibliophilie et la familiarité avec la culture grecque antique (I, 1a-f) et de tous on montre la capacité d’exhiber les histoires et les citations appropriées à chaque moment du banquet. En d’autres termes, comme le banquet d’Alkinoos dans l’Odyssée d’Homère, la Cena est une représentation d’un banquet, là aussi somptueux et longuement détaillé, au sein d’une narration plus large, et ne constitue donc pas, à proprement parler, un exemple de « banquet littéraire », tel que nous l’avons identifié plus haut. Mais par là même, ce lieu est aussi pour Alkinoos l’occasion d’exhiber et réaffirmer son pouvoir, précisément par la générosité qu’il manifeste et qui crée finalement un lien d’obligation des autres rois de l’île à son égard. Quant au contenu, cette élégie décrit le déroulement du symposion, ce deuxième moment du banquet grec, après le repas proprement dit (le deipnon), où circule la coupe de vin et les échanges parmi les convives. 0000055482 00000 n &+���OSa�S����f��@荟30�GR7��� ?QYg�������R7j�~�{Q��p$`�����կ��ݣ���`�����T�l�}] �d�ަ��66TH5,�~k�Ϫ�Na������h~��|��ޘO�Z$љ[4��]�haz��ie=�f'd�n���L���q�@�`^�3!r��CW Luxe, plaisir et évergétisme dans les Deipnosophistes  », dans C. Grandjean, A. Heller, J. Peigney (éd. B 1 West, chez Athénée, Deipn. Qu’on mélange de nouveau le vin. D’abord, est négligé l’aspect alimentaire, le deipnon – qui est passé dans les deux dialogues sous silence –, ensuite, chose plus problématique encore, le symposion est détourné de son rôle et, en particulier, privé de l’un des éléments essentiels des banquets grecs : la célébration des poètes, par la récitation, le chant et l’écoute de leurs poèmes – et ce malgré la présence, au banquet de Platon, de deux poètes – l’un tragique, Agathon, l’autre comique, Aristophane – et, au banquet de Xénophon, d’un expert d’Homère, Nikeratos. En revanche, Platon ne relie pas les convives entre eux par un plaisir partagé qui relèverait de la pratique du banquet. 0000030487 00000 n Et elle est problématique, certes, en raison des dangers que le banquet avec ses plaisirs du corps présente pour la vertu et la maîtrise de soi, mais à la fois, et peut-être surtout, en raison du type de valeurs et de savoir que traditionnellement cette pratique alimente et conserve. Son discours (en 159D-160C), qui est central dans le banquet et qui ne sera pas suivi de répliques, peut être lu comme un pamphlet contre la nourriture et les besoins du corps, un corps qui est donc vu comme le principal lien avec la mortalité et qui empêche la véritable sagesse, ici les échanges entre les savants convives. On peut particulièrement bien dire à propos de cette élégie ce que Claude Calame (1998) a dit à propos du poème mélique en général : « Le poème mélique ne se réduit pas à la description d’une action, mais dans la mesure où son énonciation elle-même correspond à l’action rituelle qu’il énonce, c’est un acte de parole » (p. 109). Quant au cadre convivial, c’est sans aucun doute l’élégie 1 de Xénophane, composée au VIe siècle av. Le premier cas que je veux signaler est un texte latin : il s’agit de la Cena de Trimalcion présente dans le Satyricon de Petrone, auteur latin assez « énigmatique » qui aurait vécu à Rome au I siècle apr. A ceux-ci, nous pouvons ajouter mutatis mutandis le parodique Banquet de Lucien de Samosate, toujours en langue grecque et toujours à l’époque romaine, sur lequel nous allons revenir. Que ce soit par l’éloge, ou parfois par le reproche, c’est des bons et de leurs exploits que le banquet doit garder mémoire, à l’exclusion des autres (Theognidea 797-798 West) : De même, un fragment élégiaque d’Anacréon (VI siècle av. Sociabilités savantes sous l’Empire romain », Annales. Les autres plaisirs, corporels justement, ne sont que des plaisirs éphémères, comme une odeur de la veille ou des relents de fumée de chair rôtie, à l’inverse des arguments des problèmes et des discours philosophiques, toujours présents et encore frais, [qui] réjouissent ceux qui s’en souviennent et même ceux qui en ont été privés, puisqu’ils reçoivent leur part en écoutant justement les discours de ceux-là (VI 686B-D). 0000000889 00000 n x��]K�%�Ud��@�y�\V��p����N��C�d1��E�����izB�?���O`Î�1K��DlȬ��w2�SuoK�lnWe���77���?���i�n���ww?����oΚ�k�vؿv8��f�f��C_u7v����b�Ǻ6�Ǣƾ�/^��CUt�P���9L�y�������S�}�����+Ӳi�f���?84����>=���z���i�?v�;�vՕ����uی�? Chez Platon, le médecin Eryximaque propose l’éloge d’Eros que chaque convive va faire selon ses compétences (177d1-3) : Chez Xénophon, on assiste d’abord à l’exposé de ce qui fait la fierté de chacun (III, 3) : Puis, à la suite de ces exposés individuels, Socrate se lance dans un très long discours sur Eros (VIII), ce qui constitue le dernier discours de ce dialogue. En somme, si la guerre, et la douleur que celle-ci entraîne, ne sont, certes, pas écartées, la valeur guerrière et son éloge étant au cœur de la communauté, ce sont clairement mythes et amour les sujets privilégiés pour la joie du festin dans les compositions « symposiaques » des poètes archaïques. Vu sous cet angle, le banquet des différentes sociétés urbaines de l'antiquité était – mises à part les formes de la communication correspondantes – le lieu où se faisaient jour dans une densité particulière leurs acquis matériels et sociaux, l'expression représentative de leur importance fondamentale pour l'histoire antique. Seulement, lorsque nous allons regarder de plus près ce qui se passe exactement à l’intérieur de ce cadre institutionnel, nous nous apercevons que les « banquets philosophiques » ne fonctionnent pas comme les autres. Pourquoi donc ne te dépêches-tu pas d’enlever les tables ? <> J. Millon (Horos), Grenoble, 2008 17 déc. Ce sont bien celles-ci, les « choses insensées » auxquelles pense Plutarque et qui doivent tomber dans l’oubli, comme il le dit clairement dans la dédicace au livre VI, se réclamant encore une fois de Platon et Xénophon (VI 686e-d) : Juste remarque de la part de Plutarque que ce silence des philosophes autour du deipnon, mais il ne faut pas s’y méprendre. Studies on Poetry and the Symposion, Oxford University Press, Oxford, 2016, p. 140-158 C’est ici, lors de la troisième entrée en scène de l’aède, le seul moment où ce n’est pas Alkinoos, mais Ulysse qui prend l’initiative de demander quelque chose : en s’adressant à Démodocos il demande d’entendre le chant d’un épisode précis de la guerre de Troie, à savoir l’histoire du cheval. J.-C.) il est totalement interdit dans un banquet d’avancer d’une place à une autre sur le lit ou de changer de lit. C. Pavarani, La Représentation des banquets dans la poésie latine officielle de l'Antiquité impériale et tardive, 2012, p. 12. Pour bien comprendre en quel sens et jusqu’à quel point ce genre des banquets littéraires-philosophiques est « nouveau » par rapport au reste de notre documentation textuelle sur les banquets, il nous faut alors, dans un premier temps, parcourir quelques-unes de ces représentations conviviales des deux premiers types. Nous apprenons ainsi que les invités romains, comme les Grecs de l’époque classique, s’allongent sur des lits conviviaux dans la salle du triclinium (par. (éd. Revenons maintenant, pour conclure, aux textes conviviaux qui s’insèrent clairement et sans intention parodique dans la tradition du banquet littéraire platonicien et qui vont le faire évoluer vers un banquet d’érudition : le Banquet des sept sages et les Propos de table de Plutarque et les Deipnosophistes d’Athénée. Les sources mésopotamiennes et iraniennes nous apprennent ainsi que le roi accumule à l'occasion des banquets des quantités incroyables de nourriture. Luciana Romeri, « Banquet philosophique et littéraire dans l’Antiquité gréco-romaine », in Houari Touati (éd. 32), le premier service (prima mensa, à partir du par. 90 0 obj Non ! La parole socratique devient, alors, dans la conception conviviale platonicienne, le seul savoir digne de mémoire et donc de récit dans les banquets de la cité. 73), un bain chaud marquant le passage de l’un à l’autre. Ce savoir qui est conçu comme une recherche incessante de la vraie sagesse, qui est donc une pratique ou un mode de vie avant tout, est justement celui qui est mis en scène dans le « banquet socratique », celui-ci devenant l’image de cette quête continuelle de l’âme, au détriment du corps. Il s’agit visiblement d’un banquet privé, vraisemblablement d’un cercle d’amis, dont nous n’avons pas le détail, mais que, grâce aux allusions du poète, nous pouvons imaginer cultivés, habitués à ce genre de réunion et respectueux des codes et des bonnes manières de table. <<190B223791C2A9374D26AA41B34E819B>]/Prev 392241>> De ce point de vue, il s’agit de textes qui ont leur propre fonctionnement et finalité, je dirais leur propre statut, au-delà des fictions de banquet qu’ils évoquent et qui ne constituent que l’un des éléments de la narration. En inaugurant ainsi, par le type de discours et de finalité qui caractérise leurs Banquets, le genre rhétorique des « banquets socratiques », Platon et Xénophon s’éloignent du même coup d’une représentation homérique et poétique des banquets, c’est-à-dire de la forme, de la composition et surtout de la finalité des banquets tels que les textes « symposiaques » et les textes épiques ou comiques nous ont transmis. Œuvres complètes. J.C.) mettant en scène vraisemblablement deux esclaves qui, par leurs échanges, nous décrivent avec détails le moment de passage du repas (le deipnon) au symposion, ce même moment décrit par Xénophane dans son élégie. Luxe et pouvoir dans l’œuvre d’Athénée, collection Table des hommes, PUR-PUFR, Rennes-Tours, 2013, p. 23-37 L’Antiquité est le temps des grandes civilisations de la Méditerranée et du Proche-Orient : les cultures de Mésopotamie, actuel Irak, et d’Égypte sont les plus anciennes. A ces textes du IIe siècle, nous pouvons ajouter les Saturnales de Macrobe, au Ve siècle. �6V&!g� En définitive, cette élégie illustre une sorte de morale grecque du banquet ou encore de mode d’emploi du banquet, avec les règles de modération, les procédures à suivre et les codes à respecter, notamment les récits à faire ou à ne pas faire autour de la coupe de vin. 0000055167 00000 n Chez Platon le symposion est clairement annoncé par le narrateur, Aristodème (176a 1-4) : Chez Xénophon, c’est l’entrée en scène des spectacles qui marque le passage entre les deux parties (II, 1) : Là encore, conformément aux manières de table suivies dans les riches banquets de l’Athènes du Ve siècle, les invités de ces deux textes sont allongés sur les lits conviviaux, lors du repas et tout au long du symposion. Davidson, James, « Pleasure and Pedantry in Athenaeus », dans D. Braund et J. Wilkins (éd. II, Teubner, Lipsiae, 1854 stream En définitive, dans cette espèce de vide ou de tabula rasa que crée la critique platonicienne, le « banquet socratique » ne se présente plus comme un lieu de plaisir et de partage d’un patrimoine collectif, mais comme un lieu d’enseignement de la vertu, un lieu d’initiation et de progression vers le vrai savoir, jamais vraiment atteint. :�y�i���~;���Pm�V��s*ƶ�*d����Gs��t��^;��ݟ�9k���jwV5Ek�������v��b��vj{�'�t_�N����I'�7e��w��Ë�;������d�����Q�����l~bh�z����`n6�����_��5u��L��Kq���e�U?�+�+{�'���p�V0�ׇ�4��ؤ}7���ěˤ��{+?����?�����ޑY�w?�ӶfǴ��l���闗��D�Mm�,oطJ�6�4����Y6�P�n蚢����;�^���;�s��rh��O͠z���{������j�����¯�+�)[��v�%N�`�No���j���[J]]M}���c��^-�Z2�ٿ�,m�i��/�1w�5���������v��f�Dӷ�P��G�R�q���u�]1V�}�}Q��+uskJ�f�3�=���� ��:�Dz���x�,n��ͯ��66x��~��.�b��x费Xة����~��� ���:6�i�榯3#�������iPO�������w +q0�"w?�ī�Ŏ�f�.�ݪ��n����w�yd��m|�ng �Ν��k�.��U�F�=�Y�&���~��ޱ�s~VWVv��f�L]?��V�N�d��F���h����0�����������Y�F��ǟW�YdKW���}Oʜ����� �}��p=�-o�N�J}��\�jv���~dH������޿K�:�\檝��T9�^{��B��'�T�Ħ��ydX�ߔeَ� �X��YJ��7kk�?���%�&>X�V����H.¨��+O�G�bՎ������ڷZ/�X^h�)�����*o L|r02��Z��Wa����W—q?&c��N�?x�g��?�ԙ������d�b�’YG߅�������$�dN9s���#Q((�^�� (]����xYʟ������Ŧ���MJ=����SrA��.��y Chez lui on retrouve ce qui était le propre des pratiques conviviales plus archaïques, à savoir un plaisir multiple, dérivant d’une pratique et d’une circulation alimentaire et en même temps d’une volonté de conservation et transmission d’un savoir lui-même multiple, un savoir encyclopédique qui est le propre, aux yeux d’Athénée, des élites de la cité. D’un point de vue des genres littéraires, le premier type de textes appartient à ce genre – de définition difficile et toujours très débattue – que l’on peut appeler la poésie mélique ou chantée ou performative, dont la composition se concentre surtout aux VIIe et VIe siècle avant J.C. J. C., qui est pour nous la plus clairement « symposiaque », c’est-à-dire l’un des poèmes qui décrivent de la manière la plus détaillée le cadre et le fonctionnement d’un banquet privé, ainsi que le contenu des chants qui devaient y être exécutés, du moins selon les souhaits du poète philosophe. 0000030422 00000 n Elles constituent, en effet, justement en raison du mode ironique qu’elles adoptent et de la distance qu’elles prennent par rapport à leur modèle, des illustrations particulièrement riches de cette pratique héritée des Grecs. Bref, elle ne fera plus partie du patrimoine commun à conserver et transmettre. Il est donc, évidemment, très fréquent de trouver des représentations du banquet dans les textes latins, ces représentations étant souvent des métaphores pour illustrer (en les célébrant ou en les condamnant) les valeurs morales et politiques attribuées aux banqueteurs, et notamment aux puissants souverains qui organisent ces banquets – c’est le cas, par exemples, des représentations des banquets de l’Empereur Domitien dans la poésie de Stace et de Martial ou des dîners avec César chez Cicéron. Peintre et graveur français Hippocrate refusant les présents d’Artaxerxès,1792. Romeri, Luciana, « Histoires de banquets chez Athénée de Naucratis », dans A. Laimé et M. Costantini (éd. C’est lui qui fait préparer huit cochons, douze brebis et deux bœufs pour le repas, ainsi que les coupes de vin, c’est lui qui invite les convives à profiter du festin, lui qui fait appeler l’aède Démodocos pour qu’il charme l’assistance avec ses chants, qui invite ensuite Ulysse et les jeunes Phéaciens à se mettre aux jeux, qui, après les jeux, de nouveau appelle Démodocos pour de nouveaux chants, qui invite ses deux enfants, Laodamas et Halios, à danser, puis les douze rois Phéaciens à offrir des dons d’hospitalité à Ulysse. J.C., dans la Rome impériale, pour retrouver des textes conviviaux, à proprement parler, qui aient été conservés en entier. Quel que soit celui qui s’exhibe, le contenu de sa performance est généralement ou bien un éloge (d’un pair, de sa société et finalement de lui-même) ou bien une narration, qui peut être, ou non, une fiction, et qui peut être, ou non, chantée et/ou dansée, ou bien encore un poème, ou une série de poèmes, qui passent de l’un à l’autre dans l’assemblée. Cette variété d’intérêts et de savoirs au sein du banquet est symboliquement mise en avant par l’abréviateur dans la présentation du premier des deipnosophistes, Masurius, à identifier sans doute avec le jurisconsulte de l’époque de Tibère (I, 1c) : Masurius est un poète, significativement relié à Archiloque, et un érudit au savoir encyclopédique. Pavarani, Cecilia, « La représentation des banquets dans la poésie latine officielle de l’Antiquité impériale et tardive », Camenulae 8 (2012), p. 1-12 ; texte en ligne : http://www.paris-sorbonne.fr/IMG/pdf/PavaraniBAT.pdf Philocléon – Comment dois-je me coucher, donc ? ), Food and the Memory, Prospect Books, Totnes, 2001, p. 199-204 0000009108 00000 n Épisode central du poème, le banquet d’Alkinoos permet, tout d’abord, de comprendre l’importance que ce genre de pratique conviviale pouvait avoir dans la société aristocratique de la Grèce archaïque. <> Périodes : la Rome royale, la République, l'Empire. VII 2193 = SB V 7835, 18-19 avec BL X 111 ; 69-58 av. <> aux dîners (deipnon), au symposion, aux spectacles. Et moi, je vais balayer le sol. Il est vrai aussi que, si ce banquet privé organisé par un richissime parvenu, Trimalcion, dans sa demeure occupe une place importante dans l’ouvrage, l’état lacunaire du Satyricon et les nombreuses difficultés que l’interprétation de ce texte présente ne permettent pas de se faire une idée claire et définitive de la valeur que cet épisode avait dans l’économie du texte originaire. ), L’imaginaire de la table. Ils boivent le vin dans des coupes en métal, mais les gobelets en verre se répandent à partir du -I er siècle. Schmitt Pantel, Pauline, La cité au banquet. En ce sens, ils restent un cas unique dans la littérature antique gréco-romaine. Wilkins, John, « Vers une histoire sympotique », dans D. Lenfant (éd. >> Dans l’analyse d’Hermogène il est clair que, plus encore que la figure de Socrate elle-même, c’est l’élément discursif, tourné vers la philosophie et la vertu, qui caractérise ce genre rhétorique – un symposion pouvant être désigné comme « socratique » même s’il se déroule sans Socrate, comme c’est le cas dans les repas, évoqués par Hermogène, que Cyrus prend sous la tente avec ses soldats, dans la Cyropédie de Xénophon. Romeri, Luciana, « Les citations de Platon chez Athénée », dans D. Lenfant (éd. Danzig, Gabriel, « La prétendue rivalité entre Platon et Xénophon », Revue française d’histoire des idées politiques, 16 (2002), p. 351-368. C’est encore Alkinoos qui, au coucher du soleil, relance le banquet en invitant Ulysse, d’abord à prendre un bain et à se faire frotter d’huile, puis à partager de nouveau la viande et le vin, enfin à écouter une nouvelle fois les chants de Démodocos. C’est ce tout, ce mélange, comme dirait Anacréon, d’amour, parole et vin, qui compose le plaisir du banquet. ), Athenaeus and his World : Reading Greek Culture in the Roman Empire, Exeter, 2000, p.3-22 pour ces compagnons-ci, les miens et aussi pour toi. Scolan, Yannick, Le Convive et le Savant. et les coupes ; on pose autour de nos têtes des couronnes tressées. Aussi, à la place du patrimoine poétique, est-ce un autre patrimoine, philosophique, que Platon bâtit dans les banquets et préconise de transmettre.